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Introduction

Anne Sèdes
octobre 2011

Index   

1La Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord accueille une nouvelle publication numérique : La Revue francophone d’informatique musicale. Cette revue est une publication de l’AFIM, Association française d’informatique musicale. Chaque année, l’AFIM organise en France ou en terre francophone les JIM, Journées d’informatique musicale, qui donnent lieu à des publications annuelles d’actes en français ou en anglais, les deux langues officielles des JIM. Cette manifestation annuelle est importante, car elle rassemble l’ensemble des chercheurs, étudiants, créateurs et acteurs de la discipline de l’informatique musicale. Peut-être pourrait-on d’ailleurs parler d’interdiscipline plutôt que de discipline, tant l’informatique musicale connecte les sciences dites de l’ingénieur (formalisation mathématique, traitement de signal, programmation…) et les sciences dites humaines (esthétique, sciences et technologies des arts, musique et musicologie, étude des usages…).

2La Revue francophone d’informatique musicale est annuelle ou biannuelle, en fonction des propositions qui lui seront soumises “au fil de l’eau”. Elle fonctionne avec un comité de lecture qui regroupe des personnalités issues des divers centres de recherche, de création et d’enseignement qui constituent le réseau actif de l’informatique musicale en France. Doctorants, jeunes chercheurs, chercheurs confirmés, vous êtes tous invités à soumettre des propositions de textes originaux, qui après soumission au comité de lecture, pourront être publiés.

3Si une grande partie des publications en informatique musicale se fait en anglais, au niveau international (ICMC-International Computer Music Conference, Dafx-Digital Audio Effects Conference, Sound and Music Conference, Nime-New Instruments for Music Expression, Computer Music Journal), il est utile qu’en terrain francophone se perpétue une tradition de publications scientifiques en langue française. Ceci aussi bien à travers les publications annuelles des actes des JIM, qu’à travers cette nouvelle revue, moyen d’échange, de connexion et de tissage au niveau local, pour enrichir encore la connaissance scientifique de nos jours partagée au niveau international. Pour le grand nombre, étudiants des premières années universitaires, praticiens isolés, il est utile d’avoir des références conceptuelles en français. Notons au passage dans la communauté internationale le succès d’un logiciel libre de gravure musicale tel que LilyPond (http://lilypond.org), dont les diverses communautés linguistiques traduisent avec la plus grande précision l’ensemble de la documentation. D’après les actes des JIM 2011 à Saint-Étienne, ce logiciel est désormais utilisé par les enseignants des conservatoires de province et mis dans les mains d’un public d’enfants. L’emploi de la langue française dans la documentation est bien un facteur de popularisation du logiciel en question dans les milieux concernés.

4Loin de concurrencer les publications des Journées d’informatique musicale annuelles, la revue propose des thématiques émergeant de ces journées, comme autant de commentaires et d’approfondissements, sans exclure par ailleurs d’autres sujets. C’est ainsi que, suite aux JIM 2010 qui ont eu lieu à Rennes, le premier appel à publications de la revue a proposé deux thématiques : les musiques mixtes, d’une part, et les logiciels libres, d’autre part.

5Concernant les musiques mixtes, la revue accueille dans ce premier numéro des publications issues d’une journée d’étude consacrée à ce sujet et ayant eu lieu le 4 mars 2011 à la MSH Paris Nord.

6Guilherme Carvalho présente son « Essai d’une électronique de chambre », autour de la pièce Il n’est plus là, je suis là, pour flûte et dispositif électronique. Il pointe des enjeux d’écriture des musiques mixtes, sur le plan de la spatialité, du matériau et des interactions entre instrument acoustique et moyens électroniques, traités comme deux instruments caméristes. Outre l’article, un enregistrement de la pièce sa partition et son patch en Pure Data sont accessibles.

7Le pianiste britannique Philip Mead, interprète des pièces mixtes pour piano de Jonathan Harvey, Simon Emmerson ou encore Horacio Vaggione, présente son approche du piano étendu par les moyens de l’électronique. L’article est en anglais, la langue maternelle de l’auteur ; une traduction en français aurait été dommageable. Cette revue s’autorise aussi le multilinguisme.

8Bien que lusophone, Antonio de Sousa-Dias présente dans son article écrit directement en français, « une musique électronique live (temps réel) et recasting  (redistribution) ». Trois cas d’étude sont présentés : Harmónicos (1967) et Sax-Blue (1982) du compositeur Jorge Peixinho (1940-1995) et Ñcáãncôa (1995) de Cândido Lima (1939-). Au centre du travail de Sousa-Dias, se pose le problème très actuel de la pérennisation et de la réinterprétation des œuvres électroniques anciennes reconstruites dans des environnements technologiques actuels.

9José Luis Ferreira, compositeur et assistant musical, nous expose son « approche de l’électronique “live”, une étude de stratégies », un des aspects des musiques mixtes étant selon lui l’articulation entre les structures musicales de la partition et les sons générés et transformés par l’ordinateur, il s’agit de faire des propositions pour répondre aux besoins expressifs et musicaux du compositeur.

10Petra Bachratá nous livre son essai de « Modèles musicaux interactifs basés sur le geste pour l’analyse et la composition de musiques mixtes », ou comment relier la notion de geste musical à l’interaction musicale offerte par l’ordinateur et l’électronique temps réel. Les articles de Bachratá et Ferreira, deux jeunes chercheurs issus des universités portugaises, ont été écrits dans un anglais qui a gagné une retraduction en français.

11Concernant la thématique des logiciels libres, la revue fait un focus sur la nouvelle version de IanniX, projet logiciel porté par Thierry Coduys. Inspiré des travaux de Iannis Xenakis, IanniX est un séquenceur graphique open source, destiné à la création numérique. IanniX synchronise via Open Sound Control (OSC) des événements et des courbes avec divers environnements temps réel. En attendant un article qui n’arrive pas, la revue renvoie directement au site http://www.iannix.org

12La revue présente également Qsox, un autre projet logiciel open source, émanant du CICM (Centre de recherche en informatique et création musicale, université Paris 8, MSH Paris Nord), et issu du projet industriel HD3D/IOO (Haute Définition, 3 Dimensions, Initiative pour une Industrie Ouverte), initié depuis 2007 par le secteur de l’audiovisuel francilien. Qsox est un éditeur audio pour le traitement par lot (batch processing) s’appuyant sur la bibliothèque de traitement audionumérique Sox.

13Enfin, ce premier numéro publie les travaux du jeune chercheur grec Sotiris Manitsaris, qui défend la « Vision par ordinateur pour la reconnaissance des gestes musicaux des doigts ». Cette revue se doit d’être une tribune pour les jeunes chercheurs.

14Que cette nouvelle revue francophone et internationale par ses contributeurs, alimente la réflexion et la pratique de l’informatique musicale et de ses disciplines connexes, et qu’elle suscite de prochaines contributions. Nous vous en souhaitons une bonne lecture.

Citation   

Anne Sèdes, «Introduction», Revue Francophone d'Informatique et Musique [En ligne], Numéros, n° 1 - Revue Francophone d'Informatique Musicale, mis à  jour le : 01/10/2012, URL : https://revues.mshparisnord.fr:443/rfim/index.php?id=96.

Auteur   

Anne Sèdes