Disparues


Numéro 2 - La communication mobile

Francis Jauréguiberry

De l’usage des téléphones portatifs comme expérience du dédoublement et de l’accélération du temps -1996


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  Résumé

L’originalité de la rentabilisation du temps permise par l’usage du téléphone portatif réside dans le fait qu’elle est obtenue non seulement de façon « classique », par la densification du temps grâce à une meilleure organisation des tâches dans leur déroulement et leur succession, mais aussi de façon inédite, par le dédoublement du temps grâce à la superposition simultanée d’un temps médiatique à un temps physique. Si ce dédoublement du temps est bien rendu possible par le téléphone portatif, il n’en est pas le produit. Ce qui lui donne vie, c’est un désir d’ubiquité, de gain de temps, de multiplication d’opportunités et donc, en filigrane, de puissance. Ce désir alimente une logique d’action utilitariste et rentabiliste qui n’est pas, dans sa forme (la vitesse, le zapping), sans procurer une certaine jouissance. Mais cette logique ne saurait résumer à elle seule l’expérience du dédoublement du temps. Face à la dispersion et à l’égarement que celui-ci peut engendrer, à l’aléatoire trop souvent côtoyé, à l’éphémère renouvelé dans une sorte d’éternel présent, une réaction apparaît. Elle renvoie à une logique d’action critique qui vise à ne pas se laisser déposséder de sa propre temporalité, de ses propres rythmes au profit d’une mise en synchronie universelle qui unirait « en temps réel » tous les communicants du « grand réseau » dans une sorte de compulsion totalisante.

  Abstract

The originality of time organization permitted by use of portable telephone consists in the fact that it is not only achieved through a “classic” way, by time densification thanks to a better tasks organization in their development and succession, but also through a new way, by time splitting into two thanks to simultaneous superposition of a media time to a physical time. If that time splitting into two is well permitted by portable telephone, it is not the result of it. What is enliving it is an ubiquity, saving of time, opportunities multiplication desire, and then, between lines, a power desire. This desire supplies a logic of utilitarianist and optimizing action which is not, in its form (speed, zapping), without procuring some enjoyment. But that logic could not alone summarize the experience of time splitting into two. Facing the dispersion and wildness that this can generate, the uncertainty too often kept close, and the ephemera renewed in a kind of eternal present, a reaction appears. It refers to a logic of critical action which aims for not allowing itself dispossess of its own temporality, and its own rythms on behalf of a universal synchronization which would link in “real time” all the “big network” communicatings in a kind of totalier compulsion.

  Extracto

Lo original, en la rentabilización del tiempo que permite el uso del teléfono móvil, es que se obtiene a la vez de manera « clásica », por una densificación del tiempo - gracias a una mejor organización de las tareas en su desarrollo y su sucesión - pero también de manera inédita, por el desdoblamiento del tiempo - gracias a la superposición simultánea de un tiempo mediático a un tiempo físico. Si el teléfono móvil permite este desdoblamiento, sin embargo no es éste su producto. Lo que le da vida es un deseo de ubicuidad, de ganancia de tiempo, de multiplicación de oportunidades y, pues, en filigrana, de poder. Este deseo alimenta una lógica de acción utilitarista y rentabilista que, en su forma - la rapidez -, puede proporcionar cierta forma de goza. Sin embargo, esta lógica no podría resumir sola la experiencia del desdoblamiento del tiempo. Frente a la dispersión y al extravío que pueda engendrar éste, a lo aleatorio que demasiadas veces se encuentra, a lo efímero repetido en una especie de presente eterno, aparece una reacción. Ésta refleja una lógica de acción crítica que intenta impedir una deposesión de su propia temporalidad, de sus propios ritmos realizada en provecho de una puesta en sincronía universal que una « en tiempo efectivo » todos los comunicantes de la « gran Red » en una especie de compulsión totalizadora.

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