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Numéro 3 - L’analogie systémique : un instrument d’analyse et d’action

Edith Heurgon

Urbanisme et architecture des systèmes d’information -1990


RésuméAbstractExtracto
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  Résumé

Pour penser la conception et la mise en oeuvre des systèmes d’information dans une entreprise, on utilise aujourd’hui volontiers les termes urbanisme et architecture. Cet article propose d’étudier le bien-fondé et l’apport de ces métaphores en proposant un détour par les théories et pratiques propres à l’espace urbain.

Après avoir rappelé les trois composantes de l’art urbain définies par Alberti, la necessitas, la commoditas et la voluptas, la première partie caractérise l’urbanisme et ses sources : l’urbanisme régularisateur, les urbanismes progressistes et culturels. Puis elle spécifie l’architecture qui, à certaines époques, oriente le développement des villes. Au terme de cette histoire, on constate que l’aménageur du XXe siècle se retrouve confronté aux trois plans d’Alberti. La necessitas circonscrit l’apport de la science, la commoditas intègre le champ du désir et réaffirme son lien au politique, la voluptas s’appelle sans doute création de sens.

La deuxième partie traite des systèmes d’information conçus dans une perspective élargie et non plus limités aux cadres formels de l’information. Solidaire d’un système d’action, le système d’information contribue à la réalisation de diverses fonctions : cognitive, productive, de pilotage, de communication. Un examen des démarches est rapidement proposé, qui débouche sur la préconisation d’une conception multidimensionnelle du système d’information et sur sa mise en oeuvre selon un processus de changement réfléchi et négocié.

La conclusion est que la métaphore urbanistique incite à une vision globalisante des systèmes d’information, à visée régulatoire ou utopique, prétendant à la rationalité, privilégiant les aspects fonctionnels par rapport aux perspectives des acteurs et aux mouvements de l’histoire. En revanche, parler d’architecture des systèmes d’information, plutôt que d’urbanisme, a l’avantage de lier la conception d’un projet à sa réalisation. Appliquée à ces « quartiers » que constituent les systèmes d’action, la démarche, dès lors qu’on ne la restreint pas aux seuls aspects techniques, peut être dynamique et s’ancrer dans des réalités matérielles et sociales.

Enfin, la prise en considération des trois plans de l’art urbain paraît de nature à rééquilibrer les perspectives en considérant, à côté de la necessitas, le désormais essentiel niveau de la commoditas et même, pourquoi pas, celui de la voluptas qui peut constituer, dans ce domaine aussi, un moteur puissant pour l’action.

  Abstract

The words town-planning and architecture are frequently used with reference to the design and implementation of information systems in an enterprise. The aim of this article is to assess the significance and contribution of these metaphors by reviewing some theories and practices relating to the urban space.

Starting from the three components of urban art as defined by Alberti (necessitas, commoditas and voluptas) the first part of this article characterizes town planning and its sources (regulatory, progressive and cultural plannings), then points out the types of architecture which, at given times, have determined urban development. It appears from this historical review that the 20th century planner is still confronted with the three levels defined by Alberti. Necessitas delineates the contribution of science, commoditas integrates the field of desire and stresses the connexion with the political sphere, voluptas may be defined as creation of meaning.

The second part deals with information systems seen in a broad perspective that goes beyond the formal limits of information. The information system is linked up with an action system and partakes in different functions: cognitive, productive, piloting and communicative. Processes are reviewed and a multidimensional conception of the information system is put forward, its implementation following a well thought through and negotiated process of change.

The conclusion is that the urban planning metaphor prompts a globalizing view of information systems, whether regulatory or utopian, laying claim to rationality and giving prominence to functional aspects over the actor’s perspectives or the movements of history. Conversely, considering the “architecture” of information systems rather than their planning permits to link the conception of a project with its implementation. When applied to such “sectors” as the action systems, this process, when not limited to technical aspects only, can be dynamic and can relate directly to material and social reality.

Finally, considering all three levels of urban art should create a better overall balance, by stressing not only necessitas but also commoditas - henceforth essential - and even voluptas, which, in this field also, can be a powerful driving force.

  Extracto

Para pensar la concepción y la puesta en obra de los sistemas de información en una empresa, se utilizan hoy frecuentemente los términos de urbanismo y de arquitectura. Este artículo se propone estudiar lo bien fundado y el aporte de estas metáforas, proponiendo un rodeo por las teorías y las prácticas propias al espacio urbano.

Después de haber recordado las tres componentes del arte urbano definidas por Alberti (lanecessitas, la commoditas y lavoluptas), la primera parte caracteriza el urbanismo y sus fuentes (el urbanismo regularizador, los urbanismos progresistas y culturales), después específica la arquitectura que, en algunas épocas, orienta el desarrollo de las ciudades. Al final de esta parte histórica, se ve que el acondicionador, él que habilita el espacio, en el siglo XX, se ve confrontado a los tres planos de Alberti. La necessitas circonscribe el aporte de la ciencia, la commoditas integra el campo del deseo y reafirma su relación con lo político, la voluptas se llama sin duda creación de sentidos.

La segunda parte trata de los sistemas de información concebidos en una perspectiva ampliada y ya no limitados a los marcos formales de la información. Solidario de un sistema de acción, el sistema de información contribuye a la realización de diversas funciones : cognitiva, productiva, de pilotaje, de communicación. Un examen de las gestiones rápidamente propuesto desemboca en la preconización de una concepción multidimensional del sistema de información y de su puesta en marcha según un proceso de cambio pensado y negociado.

La conclusión es que la metáfora urbanística incita a una visión globalizadora de los sistemas de información con vistas reguladora o utópica, pretendiendo ala racionalidad, privilegiando los aspectos funcionales con relación a las perspectivas de los actores y a los movimientos de la historia. En cambio, hablar de arquitectura de los sistemas de información, mejor que de urbanismo, tiene la ventaja de relacionar la concepción de un proyecto con su realización. Aplicada a esas « entidades » que constituyen los sistemas de acción, las gestiones, si no se limitan a los únicos aspectos técnicos, pueden ser dinámicas y anclarse en las realidades materiales y sociales.

En fin, el hecho de tomar en consideración los tres planos del arte urbano puede servir a reequilibrar las perspectivas considerando, al lado de lanecessitas, el ya esencial nivel de la commoditas y hasta ; por qué no ? él de la voluptas que puede constituir, en éste también, un potente motor de acción.

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